Un sport collectif, tout bénéfice pour les enfants allergiques
Témoignage de Stéphanie, maman d’Amaury (8 ans) et rugbyman en herbe (Villefranche-sur-Saône)
Les valeurs du rugby appliquées à la vraie vie. L’esprit d’équipe, l’engagement et le respect mutuel ne sont pas des paroles en l’air. Stéphanie, maman d’Amaury, l’a expérimenté dans le club de rugby de son fils. Dans cet univers masculin et collectif, elle a trouvé une bienveillance, une écoute et la prise en compte au quotidien de l’asthme et de l’allergie alimentaire de son petit garçon de six ans, désormais âgé de huit ans. Une maman rassurée et un enfant épanoui.
Au sein du club du rugby local comptant une soixantaine d’enfants de moins de 8 ans, encadrés par seulement quelques coachs, Stéphanie a été écoutée et les allergies d’Amaury prises en compte. Preuve que le collectif n’occulte pas l’individu et ses particularités. Depuis trois ans, Stéphanie confie son petit garçon en toute confiance lors des entraînements bihebdomadaires et des tournois à l’extérieur, voire des stages. Elle n’a plus peur ni des « troisièmes mi-temps » (un goûter collectif), ni des matchs sous les intempéries pour son enfant à la fois asthmatique et allergique alimentaire à la noisette.
Pourtant, le « collectif avant tout », version rugby, pouvait au départ rebuter tout parent d’un enfant pour lequel toutes les précautions doivent être prises. « Spontanément, nous n’aurions pas choisi ce sport d’extérieur et collectif pour Amaury, qui avait déjà à son actif deux réactions anaphylactiques », reconnaît Stéphanie. « Le laisser livré à lui-même dans un club sportif était compliqué à envisager. Comment espérer une attention toute particulière sans être un poids pour les coachs ? ». Contre toute attente, c’est l’inverse qui s’est produit. Amaury n’en démordait pas, il ferait du rugby. Alors, ses parents l’ont accompagné et ont tenu bon : expliquer et réexpliquer régulièrement à des personnes qui tombaient des nues l’allergie alimentaire, les crises d’asthme, les gestes d’urgence, les comportements à adopter en présence d’un enfant allergique à haut risque, inculquer le reflexe de repérer toute trace de noisette dans des produits alimentaires au dessus de tout soupçon pour le commun des mortels...
La trousse de secours « Sam-Sam », sorte de mascotte de l’équipe
« Le premier contact avec les encadrants du club avant un stage nous avait effrayés : après nous avoir confirmé qu’ils avaient bien intégré qu’Amaury était allergique à la noisette, ils n’ont pas vu le mal qu’il y avait à distribuer à tous les enfants, y compris le nôtre, des crêpes de Nutella !
Mais celui-ci n’a pas été donné lorsque je leur ai expliqué l’allergie, la nécessité de prendre certaines précautions (lavage de mains, partage de gourdes, etc.). Les goûters ont été ensuite modifiés pour qu’Amaury et ses coéquipiers mangent tous la même nourriture.
Au fils des ans, nous avons été très pédagogues sur les dangers potentiels pour notre enfant, comme par exemple avertir sur le péril des placages par un enfant ayant touché un aliment contenant de la noisette. La première année, nous avons assisté à tous les entraînements.
Puis, les tournois à l’extérieur ont débuté. L’équipe encadrante a été bienveillante.
Lorsqu’ils ont pris conscience des risques de l’allergie, ils se sont intéressés aux besoins d’Amaury et ont été demandeurs d’information. Je fais régulièrement des rappels explicatifs et ils apportent toujours une solution à tout nouveau problème. Sur le terrain, lorsqu’ils repèrent qu’Amaury peine à respirer au cours d’un match, ils le font sortir, pour le réintégrer lorsque qu’il a repris son souffle. Ainsi, il ne se sent absolument pas exclu de l’équipe, contrairement à ce qu’il vit à l’école. Les coachs comme les coéquipiers ont tout fait pour qu’il s’intègre et partage avec eux la passion du sport. Sans traitement particulier, mais en étant vigilant ».
A la montée dans le bus, il y a toujours un référent à qui Stéphanie remet en mains propres la fameuse trousse d’urgence rouge à l’effigie de l’enfant super héros de dessin animé Sam Sam, désormais célèbre dans le club. Cet été, lors du stage de rugby d’une semaine, Stéphanie a visé les menus avec le cuisinier, briefé les nouveaux encadrants et tout s’est très bien passé.
On dit que « Qui n’a pas vécu ces moments de totale fraternité dans un vestiaire de rugby ne peut comprendre».
Amaury semble accroché à cet esprit. «Bien que difficile, c’est une aventure à tenter, car tout bénéfice en tout point. En tant que parents, nous avons confiance en ces coachs passionnés. Cette liberté a fait beaucoup de bien à toute la famille». Quant à Amaury, il s’épanouit. Il a gagné en maturité et en confiance en lui grâce à ce sport. Et, grande première, il n’a fait aucune crise d’asthme de tout l’hiver !
Propos recueillis par Hélène Joubert.